Strasbourg, 11 décembre 2018. Je me retrouve à quelques mètres d’une fusillade, en plein centre-ville de ma propre ville. Cette soirée-là, je l’avais prévue romantique, décontractée à passer du temps avec ma femme. Mais en quelques instants, le centre-ville de Strasbourg est complètement quadrillé par les forces de l’ordre. On nous annonce 2 morts et une dizaine de blessés. Il faut que je trouve une solution pour contourner le danger et rentrer chez nous, sans se laisser gagner par la panique. Mais les transports, les axes routiers sont bloqués. Nous voilà dans les rues d’une ville qui vient de perdre tous ces repères en matière de sécurité.

 

À ce moment-là, plusieurs pensées m’assaillent :

  • Est-ce que je vais m’en sortir ?
  • S’il nous arrive quelque chose, est-ce que je saurais protéger ma femme ?
  • Ces personnes décédées et celles blessées, ça aurait pu être moi, elle, nous !
  • Que va-t-il se passer au prochain virage ? Peut-être que j’aurais dû prendre une autre rue ?
  • Mais non Bastien, ça va aller, ça n’a pas l’air si grave au final. Fais comme si de rien n’était, reste positif.

Quelques jours avant, une des mes proches amies m’apprenait que son père venait de se faire percuter par une voiture qui faisait du rodéo dans un parc de la même ville, alors qu’il promenait tranquillement son chien. Mort sur le coup. Mais que se passe-t-il à Strasbourg ?!?

Alors face à ce tableau dramatique que je vois et vis dans ma ville mais aussi dans mon pays, je me demande comment ramener la paix au milieu des situations de deuil ? Comment réconforter quelqu’un qui subit l’absence d’un être cher ? Parce qu’au final, ça concerne n’importe quel proche autour de soi !

  • Quoi leur dire ? Comment m’y prendre ?
  • Comment empêcher que la douleur n’entraîne nos amis endeuillés dans le désespoir, la dépression ou encore dans l’isolement ?
  • Comment leur éviter de se laisser submerger par des peurs : de l’avenir, de ne pas s’en sortir seul, de ne pas supporter l’absence de l’autre ?
  • Comment apporter la paix dans de telles circonstances et faire renaître l’espoir ?

Après la mort, les sentiments se bousculent

ll est vrai que la douleur de perdre des grand-parents âgés est réelle, même si la mort fait partie du processus de la vie. On se dit qu’à un certain âge, il est normal de s’en aller. Mais quand il s’agit d’un conjoint, encore trop jeune, d’un parent frappé par la maladie ou tué dans un accident, d’un enfant ou d’un bébé décédé à la naissance, accepter la mort requiert tellement plus.

Car dans un deuil, les sentiments se bousculent. Un sentiment d’injustice, de colère, de révolte peut-être, d’incompréhension ou de déni submergent ces personnes en deuil. Comme pour maintenir l’espoir que les choses vont changer et redevenir comme avant. Puis, d’autres sentiments s’installent, très difficiles à déloger : le désarroi, le chagrin permanent, la peur, la solitude, la tristesse, les remords, les regrets et le refus de se rendre à l’évidence qu’on ne reverra plus jamais cet être cher qui nous a quitté.

Il est courant d’entendre les gens dire :

  • Pourquoi ? C’est si injuste ! Il était si bon !”
  • Pourquoi lui ? Ce n’était qu’un enfant !”
  • Pourquoi moi ? Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça ?”

Je les comprends. Et même ceux qui finissent par s’insurger contre Dieu : « S’il était entré en scène à ce moment précis pour changer le cours des choses, on n’en serait pas arrivé là ! »

Mais devant tous leurs “pourquoi”, j’aime les inviter à réfléchir aux “comment”

  • Comment continuer à vivre sans lui, sans elle ?
  • Comment supporter la douleur ?
  • Comment apporter du soutien aux familles des victimes de cette fusillade ?
  • Comment accompagner la reconstruction ?

Quand je ne sais pas, je me pose cette question : Qu’aurait fait Jésus à ma place ?

Montrer son empathie

Il guérit ceux qui ont le cœur brisé, et il panse leurs blessures.” (Psaume 147.3)

Jésus est le meilleur modèle d’empathie que je connaisse !

Il nous invite à pleurer avec ceux qui pleurent. D’ailleurs, lui-même pleura, quand son ami Lazare est décédé. Je crois que, comme pour Jésus, il est bon d’exprimer nos propres émotions, sans oublier de rester focalisés sur nos amis en grande peine. Nous sommes là premièrement pour leur apporter réconfort et soutien.

L’ami aime en tout temps, Et dans le malheur il se montre un frère. (Proverbe 17.17)

Certaines personnes ont besoin de solitude ou simplement d’être entourées. D’autres ressentent le besoin d’être accompagnées ou simplement d’être écoutées.

Sois cette oreille attentive, cet ami, capable de pleurer et de consoler.

Toi aussi, tu peux faire preuve d’empathie. Même si tu n’as pas été touché directement par le deuil, tu as connu d’autres souffrances qui ont provoqué ce mélange de sentiments confus ou d’émotions négatives en toi : le vide, l’absence, la tristesse, l’abattement, l’impuissance, la lassitude, l’envie d’être seul, etc. Si tu peux comprendre certaines de ces émotions, alors partage la douleur des autres.

Jésus n’est pas juste celui qui n’a rien fait !

Si tu ne l’as encore jamais fait, je te propose de présenter Jésus comme celui qui connait les douleurs par lesquelles tes proches passent. C’est souvent un moyen de montrer un visage différent de Jésus. Non pas comme celui qui n’est pas intervenu au milieu du chaos, mais comme celui qui comprend leurs douleurs.

Jésus était l’amour personnifié lors de son passage sur Terre. Il était ému de compassion devant la douleur des autres, puis, il a accepté les pires souffrances et douleurs à la croix. Il est certes passé par des douleurs physiques, mais il a aussi vécu le sentiment d’abandon, le rejet, l’angoisse, le stress, la solitude, l’humiliation, la peur…  Qui mieux que lui est capable, aujourd’hui vivant, de comprendre toutes les blessures physiques, émotionnelles et psychologiques ? Rien de tout ce que tes proches vivent et ressentent lors d’un deuil n’est inconnu de Jésus.

Il veut se faire connaître d’eux, afin de les soulager de leur peine. Alors qu’ils ne parviennent pas à apprivoiser la solitude ni l’absence, Dieu peut être ce compagnon de chaque instant.

Mon conseil pour accompagner les personnes en deuil

Bien sûr, comme je te le dis souvent, si tu ne peux pas du tout leur parler de Jésus, sois Jésus : montre-le à travers ton attitude, ton écoute, ta sollicitude. En restant attentionné, présent et encourageant. Même s’il y a besoin de bousculer ton agenda et tes petites routines ?

Les personnes endeuillées, surtout les femmes, ressentent l’énorme besoin de parler, d’être écoutées. Certains hommes s’enferment dans le silence ; même s’ils te donnent l’impression de ne pas accepter ta compagnie, montre-leur ton soutien.

Mon conseil en 3 étapes :

  1. Invite tes amis à la maison et prépare-leur un goûter/repas… tellement bien préparé qu’ils se sentiront bichonnés et importants.
  2. Propose-leur de prier avec eux pour que Dieu puisse devenir un soutien concret
  3. Propose-leur de vous revoir pour lui expliquer comment Dieu peut devenir son ami à et les remplir de sa paix

 

Si tu as dans ton entourage des personnes impuissantes face au deuil, partage-leur cet article.