• Tu as toi aussi le sentiment qu’on aurait préféré que tu sois différent(e) ?
  • Ton entourage faisait plus facilement la check-list de ce qui n’allait pas chez toi ?
  • Tu as souffert des conséquences de cette attitude et tu as du mal à t’en remettre ?

Alexia Rabé, chanteuse sur la scène Francophone, porte en elles les cicatrices de ces blessures liées à ce qu’on lui demandait de changer chez elle. Aujourd’hui, elle se mobilise pour libérer les femmes tombées dans ce piège et leur apporter au travers de son histoire, ce message d’espoir qu’elles peuvent aussi trouver l’issue de secours.

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« Il faut que tu changes »

Voilà une phrase que j’ai très souvent entendue, pendant de nombreuses années. Certainement que la volonté de la personne qui m’adressait ces mots était sincère. Ca ne devait être que pour mon bien ! Alors je me suis laissée convaincre et j’ai donné énormément d’importance à ces mots. J’ai donc changé, j’ai avancé, je me suis efforcée de faire toujours mieux. Et en quelques mois, j’ai chamboulé toute ma vie pour muer vers une nouvelle ‘moi’. J’en étais même fière !

Changer, mais pour devenir qui ?

Que ce soit entre une enfant et ses parents, une ado et ses copines, une femme et son compagnon, une sœur et sa fratrie, ou même une paroissienne avec sa communauté, la relation humaine peut vite devenir malsaine et destructrice lorsque la comparaison de soi avec un idéal entre dans l’équation. Bien sûr, il est toujours sain et bienveillant d’encourager l’autre à avancer dans sa vie qui n’est qu’une gigantesque suite de transformations.

À force de trop pousser vers un modèle fictif et imaginaire, on oublie qu’on a en face de soi une personne à part entière, déjà digne d’amour et de respect.

Malgré tous mes efforts, j’entendais continuellement ce refrain : « Il faut que tu changes ». Comme s’il n’était pas nécessaire de tenir compte des succès accomplis ou simplement, de qui j’étais. Je ne serais donc jamais suffisamment bien ? Probablement pas.

Jusqu’au jour où j’ai compris que ces propos reflétaient plus une envie de contrôle sur ma personne, qu’un encouragement sain à évoluer. Changer, pour devenir qui ? Celle que l’autre voulait que je sois. Et parce que l’idéal conçu dans sa tête était forcément meilleur que la personne que j’étais déjà.

Changement, relation toxique, depression 

Ça n’a pas mis longtemps avant que ces diktats de comparaison entre la « moi, réelle et imparfaite » et l’idéal de l’autre ne se transforment en tyrannie émotionnelle et psychologique :

«Tu as vraiment des problèmes de valeur. Tu es instable. Tu dois changer. Pas étonnant qu’aucun mec ne veuille se mettre avec toi ! »

Et la comparaison se prolongeait même avec d’autres : regarde une telle, elle au moins, elle fait des efforts ! Euh, oui, d’accord. Sauf que je ne suis pas elle, et elle n’est pas moi !

Cela dit, un point était vrai : mon problème de valeur n’était pas des moindres. La preuve : j’avais accepté une relation devenue toxique qui, à force de me comparer avec une « moi chimérique et parfaite », détruisait au fil du temps tout mon capital de confiance en moi… Jusqu’à ce qu’il n’en reste quasiment rien au bout de quelques années.

Sans cesse comparée à un idéal, j’avais finalement accepté l’idée mensongère que je n’étais pas suffisamment bien telle que j’étais et que c’était la raison pour laquelle j’avais des problèmes et qu’aucun homme ne voulait de moi.

En gros : le jour où j’atteindrais cet idéal absolu, tout rentrerait dans l’ordre !

Sauf qu’on le sait bien, aucune vie n’est parfaite.

Les années passant, je suis arrivée à un point de non-retour : il m’a fallu tout rechanger ou plutôt tout reconstruire ! Toute l’analogie avec cette « Alexia voulue par l’autre » m’avait complètement détruite. Mon amour-propre était anéanti, mon regard sur moi-même, complètement noyé par tous ces mots qui avaient poignardé mon cœur. J’étais plus bas que terre !

Je me sentais terriblement coupable. Après tout, je n’avais jamais réfuté ce qu’on me disait ! Grand Dieu, mais quelle personne accepterait de se laisser dicter ainsi ce qu’elle devrait être ! Il semblerait que j’étais moins futée que les autres pour accepter une telle situation et pire, ne pas réussir à m’en sortir ! 

Alors aux grands maux, les grands remèdes. Je n’avais plus le choix : je devais reprendre ma vie en mains, et ne plus me laisser modeler à la manière de quelqu’un d’autre !

Comment se relever d’un tel désarroi ?

J’ai commencé par me tourner vers une aide psychothérapeutique. Ce fut long et éprouvant ! Il a fallu mettre des mots sur ma souffrance et ma colère. Pas simple. Un an et demi s’est écoulé avant que je ne commence seulement à prendre du recul, comprendre pourquoi de tels compromis et sortir du schéma de la comparaison. Un début de soulagement, mais le travail de reconstruction personnelle devait continuer.

Parallèlement, je devais renflouer mon bon ego et ne pas rester seule. Je m’entourais autant que possible de personnes dont je sentais qu’elles m’appréciaient pour ce que j’étais et non pour ce que je pouvais devenir. Essentiel pour retrouver une bonne estime de soi !

Enfin et surtout :

Soigner et guérir mon âme : le travail le plus long et le plus angoissant. Mais certainement le plus fondamental.

J’ai perçu qu’il m’était impératif de comprendre avec le cœur quelle était mon identité selon ce que dit Dieu, qui a défini toutes choses. Après tout, ne suis-je pas « une créature merveilleuse » (Ps 139: 14) ? Mais ça, je l’avais oublié, au profit d’un idéal construit par une autre personne.

Je savais que Dieu aime d’un amour inconditionnel, « éternel, infini ». Mais je n’avais jamais vraiment expérimenté cet amour si…surhumain.

Alors, j’ai recommencé à prier, comme jamais. Pendant des mois entiers, à tout instant de la journée ou de la nuit, je suppliais Dieu, souvent en hurlant de pleurs, de me soulager de cette douleur atroce du cœur. Je voulais qu’il me parle, qu’il me dise qui j’étais vraiment. Je voulais être convaincue que malgré tous mes défauts, j’étais quand même digne d’amour. Je voulais qu’il prouve sa puissance de guérison dans ma vie comme jamais il ne l’avait fait auparavant.

La peur de ne jamais me rétablir m’a aussi poussée vers une demande d’accompagnement pastoral. Écoute compatissante, jeûne et prière : là encore, les choses ne se sont pas remises en place en 3 jours !! 1, 2, 3, ce sont plusieurs semaines qui se sont écoulé.  Et rien ne semblait vraiment se passer. Et pourtant !

Un miracle, que je ne voyais pas, était en train de se produire dans ma vie.

Au bout de ces années de soutien psychologique, social et spirituel, j’ai finalement lancé un défi ultime à Dieu. C’était non-négociable ! Alors que j’avais déjà bien avancé dans ma reconstruction, je voulais être totalement guérie et totalement convaincue de qui j’étais. Oui, c’était culotté. Mais c’était surtout ma dernière issue.

Quelques petites semaines après avoir lancé mon challenge à Dieu, je me suis levée un matin estival et mise à mon bureau.

Et là, en essayant de travailler, je constatais une absence.

Une absence de colère et de douleur. Comme si mon poids et mon fardeau s’étaient évaporés pour laisser place à une sérénité que je n’avais jamais ressentie. J’étais en paix, mon esprit était tranquille. Était-ce le miracle que j’attendais ?!

Une conviction inédite s’était profondément imprimée en moi : Dieu m’aime, sans conditions, et je suis très précieuse à ses yeux. Que je change ou pas, son amour pour moi n’augmenterait pas ou ne diminuerait pas en raison de mes efforts pour atteindre un idéal : il m’aime, imparfaite mais belle que je suis.

Mon intellect le savait, mais jusqu’à ce moment, mon cœur ne l’avait pas encore totalement compris. Et désormais, je n’accepterais plus d’être sans cesse comparée à un idéal au détriment de celle que je suis aujourd’hui. Après tout : Je suis déjà une belle personne !

Aujourd’hui, je peux regarder mon passé avec bienveillance. Là où la vision de quelqu’un d’autre était prépondérante pour orienter ma vie, j’ai de nouveau laissé une place entière au regard aimant de Dieu. La guérison intérieure est un très long chemin, qui requiert patience et humilité.

Mais cet amour divin surpuissant, qui a envahit mon cœur, est ce qui donne désormais de la valeur et du sens à ma personne : je suis une enfant de Dieu le Père, aimée pour ce que je suis, avec mes qualités et défauts, parce que je suis « l’ouvrage de ses mains » (Esaïe 64: 8).

Si tu te reconnais dans l’histoire d’Alexia Rabé et que tu souhaites découvrir des outils complémentaires à son histoire, alors rejoins nous sur la campagne Je Me Compare et invite tes amis à découvrir un message révolutionnaire pour retrouver confiance en eux.

Il n’y a pas l’ombre d’un doute, toi aussi tu peux t’en sortir.

Bastien Cuenot

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