C’est tout de même surprenant que pour expliquer la nécessité de prendre soin des besoins des personnes souffrantes autour de soi, Jésus a pris l’exemple d’un Samaritain, ennemi des Juifs. Au-delà d’une certaine forme de provocation, Jésus nous donne une recette de l’amour à avoir envers notre prochain. Comment réagirais-tu si ton ennemi venait à prendre soin de toi ? 

Je pense que je serai plutôt mal à l’aise essayant de refuser son aide qui me semblerait être hypocrite au premier abord puis gênante si je vois que c’est sincère. Tu peux lire la parabole du bon Samaritain dans la Bible, dans Luc 10 : 25-37, qui parle justement d’une situation identique. Quelles sont les clés que nous pouvons en tirer ?

1. Regarder au-delà de nos repères

Jésus prend l’exemple d’un Samaritain, qui apprécie que très peu les Juifs et qui pourtant va porter de l’attention aux souffrances de l’un d’entre eux. J’imagine facilement ce qui aurait pu se passer dans la tête de tout Samaritain passant à côté de son ennemi souffrant : Bien fait ! ou quelque chose comme Justice est faite, ça vous apprendra à vouloir vous dresser contre nous !  Peut-être même que ce Samaritain a subi certaines insultes ou blessures de la part des Juifs. Pourtant, il décide de s’arrêter pour prendre soin de lui.

En quoi ça me parle ?

Je suis plus facilement prompt à prendre soin de ma famille, de mes amis, des personnes qui fréquentent mon église… bref prendre soin des personnes avec qui j’ai plus d’affinité et par-là, faire moins attention aux personnes souffrantes sur mon chemin. C’est aussi ce que Jésus dit des chefs religieux (un sacrificateur et un lévite) qui ont continué leur chemin sans s’arrêter. Ils avaient une raison valable pour ne pas s’arrêter, car dans leur doctrine, s’ils touchaient un cadavre, ils se rendaient eux-mêmes impurs et donc impropres à continuer leur mission d’hommes au service de Dieu.

Je travaille à plein temps dans l’évangélisation – certains diraient que je suis à plein temps pour Dieu, quand je pense que tous les chrétiens devraient se considérer à plein temps pour Dieu dans leurs propres quotidiens – et pourtant j’ai souvent l’impression d’être gouverné par mon emploi du temps et les tâches à accomplir dans la journée, pensant que si je n’accomplis pas tout ce que j’ai à faire dans ma journée, je n’aurais pas bien agi. Un peu comme si je me rendais impropre à ma mission d’évangéliste.

Dans cette parabole, Jésus nous invite à ouvrir les yeux sur la réalité qui nous entoure – une réalité qui dépasse parfois nos repères, nos principes et nos mauvaises expériences – pour s’attacher à être une lumière envers ceux qui ne sont pas si loin de nous et qui pourraient bénéficier de l’amour de Dieu eux-aussi.

2. Tout ne réside pas dans la récitation du plan du salut

L’Evangéliste Vincent Esterman écrivait dans son livre « Communiquer l’évangile afin qu’ils entendent… et répondent » la phrase suivante qui a vraiment retenu mon attention :

La parabole du bon Samaritain nous montre que nous pouvons avoir la vérité divine sans l’amour du Seigneur pour les perdus. Or, en fin de compte, c’est de l’amour que Jésus fait l’éloge. […] La capacité à expliquer le plan rédempteur de Dieu du jardin d’Eden à la salle du trône céleste ne suffit pas à gagner l’approbation de Dieu. [Notre] coeur doit être sensible à ceux qui souffrent. 

Encore une fois en tant qu’évangéliste, je me remets en questions en me demandant comment la souffrance autour de moi est capable de réveiller l’amour que j’ai pour ceux qui sont sur mon chemin et ne pas m’attacher uniquement à réciter le plan du salut au plus de monde. Je ne parle pas uniquement des personnes souffrantes physiquement ou des personnes sdf, mais également de la souffrance de l’éternité de tellement de monde autour de moi. Notre mission n’est pas uniquement de parler de Jésus autour de nous, mais d’aimer ces personnes.

3. Savoir se dépouiller pour l’autre

La parabole du bon samaritain ne nous indique pas uniquement qu’il s’est arrêté pour prendre soin du Juif blessé. Il l’a amené dans un centre de soin, il a payé pour les soins nécessaires à apporter et s’est même engagé à payer le reste si ça ne suffisait pas. Quelle leçon pour moi qui n’ai pas la main facile pour dépenser de l’argent pour les autres qui en ont besoin !

Au Sénégal, j’ai vu des personnes qui s’attardaient à survivre au jour le jour et c’est là que j’ai vraiment cerné pourquoi Jésus avait commencé par nourrir les 5000 hommes avant d’apporter le message du salut. Le besoin premier était que les personnes avaient faim. Le message du salut gagne en crédibilité quand il est précédé d’amour et pour cela la bible nous dit que cet amour peut nous dépouiller un peu pour les autres.

Nos puissantes expériences spirituelles ne font pas nécessairement de nous des gens plein d’amour – Vincent Esterman.

Soyons de personnes prêtes à montrer aux autres qu’elles sont toutes aussi légitimes que nous à accueillir l’amour de Dieu.

Tu es tout près de réaliser de vrais miracles !

Bastien Cuenot.